ARTICLE COMPLET
https://drive.google.com/file/d/1XzUjjbXNh0DOOcjhx1Y6NCngcTjPrdWN/view?usp=sharing
Exemples d'extrêmes répartitions d'espèces faunistiques maralpines*
*Maralpin, adjectif : Relatif au département des Alpes-Maritimes, qui concerne sa culture, ses habitants, son histoire, ses paysages, etc.
Mots-clés : répartition, Alpes-Maritimes, inventaire de la faune, biodiversité maralpine
Auteur : Joss DEFFARGES & Eliot STEIN-DEFFARGES
Citation : DEFFARGES J. & STEIN-DEFFARGES E. – Exemples d’extrêmes répartitions d'espèces faunistiques maralpines. 2024. 18 pages.
Introduction
Accolées à la Méditerranée, les Alpes-Maritimes forment la pointe sud de l’arc alpin qui s’étale sur près de 200 000 km² sur six pays. Il n’est pas étonnant que cette barrière naturelle majeure, située à un carrefour climatique de l’Europe, conditionne la répartition de certaines espèces de manière très stricte. Quelques exemples d’espèces non endémiques maralpines, absentes en Italie, ou inconnues ailleurs en France, seront détaillées dans ce document pour illustrer ce que représente cette césure. Ces espèces sont parfois menacées, car bien que les Alpes continuent de maintenir un haut degré de naturalité, c’est l’écosystème de montagne le plus intensément exploité dans le monde.
Carte n°1 : Vue satellite de l’ensemble de l ’arc alpin @ https://www.homoalpinus.com/alpes/vue-d_ensemble/
Photographie du sommaire : Massif de l’Authion © Eliot STEIN-DEFFARGES
Mammifères
Talpa caeca
https://www.inaturalist.org/observations?verifiable=true&taxon_id=46951
http://biodiversite.mercantour-parcnational.fr/espece/60276
La Taupe aveugle ne fréquente la France que dans l’est des Alpes-Maritimes, le long de la frontière italienne, probablement de Breil-sur-Roya à Saint-Martin-Vésubie en passant par Lucéram, dans les forêts claires et les talus des étages préalpins. Cette petite Taupe est extrêmement difficile à découvrir, car la Taupe d’Europe est également présente jusqu’en altitude dans des milieux diversifiés, et les taupinières peuvent être assez semblables. Toutefois, les taupes ne vivent pas très longtemps car elles usent rapidement leurs dents en mâchant les vers de terre, et la découverte d’un cadavre permet la détermination à l’espèce.
Photographie n°1 : Taupe aveugle © emilianomori Photographie n°2 : Taupinière de Taupe aveugle en forêt © Joss DEFFARGES
Microtus savii
https://www.inaturalist.org/observations?verifiable=true&taxon_id=44264
https://cen-paca.org/wp-content/uploads/2022/03/04MammiferesN02_2013.pdf
Le Campagnol de Savi n’est connu en France qu’à l’extrême est des Alpes-Maritimes. Il est principalement détecté par l’analyse du régime alimentaire du Grand-duc d’Europe et de la Chouette hulotte.
Photographie n°3 : Campagnol de Savi © francescocecere
Photographie n°4 : Biotopes du Campagnol de Savi à la frontière italienne © Joss DEFFARGES
Amphibiens
Alytes obstetricans
https://www.inaturalist.org/observations?verifiable=true&taxon_id=24473
https://www.lpo.fr/decouvrir-la-nature/fiches-especes/fiches-especes/amphibiens-reptiles/alyte-accoucheur
L’Alyte accoucheur est l’une des espèces dont la répartition est la plus mystérieuse en zone maralpine. Alors que ses populations sont abondantes du Portugal à l’Allemagne, elle est totalement inconnue en Italie. Les recherches approfondies depuis 2017 de Daniele SEGLIE, member of the Atlas Committee of the Societas Herpetologica Italica, sont infructueuses alors que l’espèce se reproduit dans les affluents de la rivière la Roya côté français et à moins de 2,5 km de Vintimille près de Menton. Une découverte prochaine serait un évènement pour l’herpétologie italienne.
Photographie n°5 : Mâle d’Alyte accoucheur avec une ponte © joan_carles
Bivalves
Unio mancus turtonii
https://inpn.mnhn.fr/espece/cd_nom/163414/tab/carte
https://www.researchgate.net/publication/258241600_Les_sous-especes_de_la_Mulette_meridionale_Unio_mancus_Lamarck_1819_Bivalvia_Unionidea_en_France_descriptions_originales_et_materiel_topotypique
https://www.researchgate.net/publication/307841922_Bad_taxonomy_can_kill_molecular_reevaluation_of_Unio_mancus_Lamarck_1819_Bivalvia_Unionidae_and_its_accepted_subspecies
La Mulette corse est une sous-espèce de la Mulette méridionale qui était considérée comme endémique. Elle a été découverte sur le continent en 2009 dans le Var dans le bassin versant de l’Argens par Benjamin ADAM et confirmée par Vincent PRIE. Les bivalves sont sous-prospectés, et il est possible que l’espèce ait une répartition plus large en PACA et dans les Alpes-Maritimes.
Photographie n°6 : Mulette corse dans le bassin versant de la Siagne (06) © Joss DEFFARGES
Arachnides
Euscorpius italicus
https://www.inaturalist.org/observations?verifiable=true&taxon_id=56528
https://www.macroscientifique.com/euscorpius-italicus
Le Scorpion italien est une des cinq espèces de scorpions en PACA, mais sa répartition semble limitée en France aux alentours de la Grande Corniche proche de la frontière italienne.
Photographie n°7 : Trichobothries d’un Scorpion italien © andreagobetti
Zelotes thorelli
https://www.inaturalist.org/observations?verifiable=true&taxon_id=783568
https://araneae.nmbe.ch/data/2939/Zelotes_thorelli
La Zélote de Thorell est une espèce ouest-méditerranéenne largement répandue du Portugal jusque dans le sud-est de la France, mais elle est inconnue en Italie ou en Corse d’après les cartes de l’INPN.
Photographie n°8 : Face ventrale de la Zélote de Thorell femelle © Emmanuel TCHENG
Photographie n°9 : Face dorsale de la Zélote de Thorell à Grasse (06) © Emmanuel TCHENG
Odonates
Platycnemis latipes et Platycnemis acutipennis
https://www.inaturalist.org/observations?verifiable=true&taxon_id=109646
https://atlas-odonates.insectes.org/odonates-de-france/platycnemis-latipes
https://atlas-odonates.insectes.org/odonates-de-france/platycnemis-acutipennis
Le Pennipatte blanchâtre et le Pennipatte orangé sont de petits agrions frêles qui fréquentent les eaux calmes le plus souvent en dessous de 800 mètres d’altitude. Tandis que le Pennipatte blanchâtre est présent avec une forte densité du Rhône au fleuve Var, et le Pennipatte orangé du Rhône à la Siagne, ils n’ont jamais été observés ni dans la Roya, ni en Italie. Plus fort encore, il existe une vallée fantôme. Alors que les trois espèces, Platycnemis latipes, Platycnemis pennipes et Platycnemis acutipennis, sont présentes dans les bassins versants voisins ou proches, il semble impossible de découvrir une espèce du genre Platycnemis dans la vallée des Paillons (Paillon de Levens, Paillon de Contes, Paillon de l'Escarène, Paillon de Laghet qui forment le Paillon de Nice). Et le Pennipatte orangé n’atteint même pas le fleuve Var, alors que les milieux semblent idoines pour son implantation.
Photographie n°10 : Habitats à Pennipatte prospectés négativement depuis 10 ans dans le Paillon de l’Escarène (06) © Joss DEFFARGES
Photographie n°11 : Pennipatte blanchâtre en accouplement © ldvn
Photographie n°12 : Pennipatte orangé en accouplement © ldvn
Gomphus graslinii
https://www.inaturalist.org/observations?verifiable=true&taxon_id=101673
https://cen-paca.org/wp-content/uploads/2022/12/Garrigues-N72-BDEF-2.pdf page4
Le Gomphe de Graslin est endémique du sud-ouest de l’Europe comme les Pennipattes blanchâtres et orangés, et n’a jamais été découvert en Italie. Son identification dans les Alpes-Maritimes est toute récente et la recherche d’exuvies permettrait de confirmer son caractère autochtone.
Photographie n°13 : Mâle de Gomphe de Graslin © yvesbas
Névroptères
Libelloides latinus
https://www.inaturalist.org/observations?verifiable=true&taxon_id=1284639
https://cen-paca.org/decouvrir/la-mediatheque/publications-techniques-et-scientifiques/
L’Ascalaphe d’Italie a une très large répartition pour un endémique italien, mais un exemplaire avait été trouvé en 1962 près de Monaco par l’entomologiste Lucien BERLAND. Jusqu’à 2011, cette donnée historique avait paru farfelue, mais la découverte de populations dans la Brague, et le Paillon les années suivantes, a permis de confirmer sa présence en France, uniquement dans les Alpes-Maritimes.
Photographie n°14 : Accouplement d’Ascalaphe d’Italie © Francine BEGOU-PIERINI
Photographie n°15 : Ascalaphe d’Italie © golfopolikayakl
Orthoptères
Leptophyes boscii
https://www.inaturalist.org/observations?verifiable=true&taxon_id=510381
La Leptophye sarmate est une petite sauterelle très élégante, commune dans les Balkans, dont la répartition déborde légèrement en France dans la vallée de la Lèvensa. Sa répartition précise s’affine après des campagnes de prospection par Gaëtan JOUVENEZ. Les populations semblent très localisées, cependant certains spécialistes ne désespèrent pas de la trouver également dans les Hautes-Alpes près de Montgenèvre.
Photographie n°16 : Leptophye sarmate © silk128
Photographie n°17 : Milieux arbustifs propices à la présence de Leptophyes © Joss DEFFARGES
Photographie n°18 : Mâle de Leptophye sarmate à La Brigue (06) © Joss DEFFARGES
Rhopalocères
Callophrys avis
https://www.inaturalist.org/observations?verifiable=true&taxon_id=333931
https://www.calameo.com/read/00508281356a4d88c6791 page67-70
https://www.leps.it/indexjs.htm?SpeciesPages/CalloAvis.htm
Présent dans le sud-ouest de l’Europe et le nord-ouest de l’Afrique, le Thècle de l’Arbousier est un petit papillon discret dont la présence est restée longtemps confidentielle, et même jugée douteuse sur certains sites. Pourtant, Frédéric BILLI de l’ANNAM a fini par le trouver en 1992 à l’est du fleuve Var. Récemment en 2021, Mattéo SERAFINI du Parco Naturale Regionale delle Alpi Liguri l’a même photographié en Italie, mais elle avait déjà été découverte par Marco BONIFACIO en 2015. Cette espèce remarquable n’a plus pour frontière le territoire maralpin, mais nous ne savons pas si c’est une expansion de ses populations ou le fait d’une sous-prospection par le passé.
Photographie n°19 : Thècle de l'Arbousier © janofonsagrada
Coléoptères
https://www.persee.fr/authority/447019
https://www.researchgate.net/scientific-contributions/Jacques-Coulon-2083945109
Nous avons demandé à Jacques COULON, coléoptériste, d’analyser les taxons de son domaine qui correspondent aux critères énoncés, des espèces ayant une plus ou moins large répartition européenne, non strictement endémiques, mais qui trouvent leur limite de répartition connue dans le territoire maralpin. Les espèces citées ci-dessous ont toute une répartition orientale, néanmoins les faibles connaissances de certaines familles chez les Chrysomelidae Alticinae font penser que certaines espèces connues par un ou deux exemplaires du 06 pourraient être plus répandues, car fort peu d'entomologistes s'intéressent à ce groupe difficile et dont les représentants sont tous de très petite taille... Dans la quasi-totalité des cas, ces espèces, répandues en Italie et pour certaines jusqu’en Europe centrale, ne sont connues en France que des régions frontalières de la vallée de la Roya : Tende, La Brigue, col de Tende, Gordolasque, Sospel. Le Cerambycidae Dolocerus reichii a été observé récemment autour de Cagnes sur Mer. La liste est cependant bien fournie et illustre une fois de plus l’incroyable biodiversité du département des Alpes-Maritimes et cette frontière invisible que constituent pour nombre d’espèces les contreforts sud-alpins.
Carabidae
Cychrus angustatus
Nebria tibialis
Trechus maritimus
Trechus putzeysi
Laemostenus obtusus
Sphodropsis ghilianii
Pterostichus impressicollis
Pterostichus convexiusculus
Pterostichus bicolor
Pterostichus impressus
Pterostichus liguricus
Agonum antennarium
Harpalus punctipennis
Philorhizus liguricus
Buprestidae
Phaenops knotecki
Chrysomelidae
Neocrepidodera cyanipennis
Derocrepis sodalis
Calomicrus gularis
Cryptocephalus strigosus
Cryptocephalus eridani
Cryptocephalus zoiai
Cerambycidae
Dolocerus reichii
Tetrops gilvipes
Scarabaeidae
Acrossus laticollis
Amphimallon burmeisteri
Amadotrogus insubricus
Mimela aurata
Tenebrionidae Alleculinae
Gerandryus aetnensis
Conclusion
Ces quelques exemples de répartitions extrêmes suggèrent que de nombreuses autres espèces mériteraient une attention soutenue et des prospections ciblées dans les Alpes-Maritimes pour découvrir ou authentifier leur présence. On peut penser au Lynx boréal, au Crapaud calamite, au Pélobate cultripède, aux Discoglosses, à des Odonates comme dans le genre Somatochlora ou Sympetrum, à des Rhopalocères comme Boloria selene ou Pontia edusa. Dans d’autres groupes, les recherches récentes ne font que confirmer ces suspicions avec de nombreuses découvertes chaque année, chez les Hétérocères, les Orthoptères, les Mantidés, les Hémiptères, les Arachnides, les Gastéropodes, les Bivalves, les Branchiopodes, etc… De la même façon, d’autres espèces certifiées appartenant à la faune maralpine sont à rechercher ou à retrouver dans certains secteurs orientaux des Alpes françaises : Alpes-de-Haute-Provence, Région du Mont Cenis en Savoie, voire Queyras dans les Hautes-Alpes. Toutes les bonnes volontés et les savoirs spécifiques sont encouragés et mis à contribution dans des évènements comme des ABC, Explor’nature, Opérations d’inventaires, mais aussi des prospections personnelles.
Photographie n°20 : Le Petit Cercope Cercopis arcuata, à Menton en prospection en 2011, découverte pour les Alpes-Maritimes © Mareike STEIN
ARTICLE COMPLET
https://drive.google.com/file/d/1XzUjjbXNh0DOOcjhx1Y6NCngcTjPrdWN/view?usp=sharing
Comments
Add a Comment